France Barter : le système WIR à la française !
France Barter : le système WIR à la française !

France Barter : le système WIR à la française !

C’est dans le contexte de récession des années 1930 que des dirigeants de petites et moyennes entreprises suisses se sont regroupés pour défendre leurs activités malgré un contexte économique morose. En inventant un système d’échange inter-entreprises en 1934 dans le bassin de Zurich cette poignée de petits patrons ont mis en place un modèle économique qui continue d’aider un bon cinquième des PME suisses à se développer.

WIR, les fondements d’un principe d’échanges inter-entreprises

Comme partout en Europe la crise économique de Wall Street a entraîné une crise systémique historique en Suisse dans les années 1930. En 1934 en réaction à ce climat délétère qui impacte les affaires des grands groupes (la Banque de Genève ne survivra pas à cette crise) et par répercussions celles des PME, quelques chefs d’entreprises de la partie germanophone de la Suisse ont décidé de mettre en place un système financier original permettant ine forme de mutualisation ou de mise en commun leurs produits et leurs services.

Le WIR était né, abréviation du mot allemand « économie » le « wir » désigne aussi un ensemble, un « nous », qui dans le domaine économique n’est que peu utilisé. Plus précisément le WIR est une coopérative d’entreprises qui permet une entraide entre des acteurs de différents secteurs d’activité : leur permettant de faire des achats qui seront compensés par des ventes auprès d’autres membres du réseau. Encouragé par les autorités suisses la coopérative obtient un agrément bancaire en 1936, qui lui permet d’accroître sa légitimité et aussi de professionnaliser le système en vue de l’élargir. En 1998 la coopérative fait un pas supplémentaire en souhaitant élargir ses offres de services aux entreprises de tout type et aussi aux particuliers : elle se refonde alors sous forme de banque.

Pari réussi puisque de 900 participants en 1945 pour 717 000 CHF de transactions en WIR, à 18 000 membres pour 180 millions CHF en 1970, la société annonce en 2013 avoir plus de 60 000 adhérents pour 1,43 milliard CHF  de volume d’échange.

 

+ d’info voir cet article publié par Dimitri Touren dans le journal Internationalarrows-1229845_960_720

Basée à Bâle la banque WIR est devenue une véritable institution helvétique avec plus de 200 collaborateurs répartis dans 8 bureaux en Suisse. La banque organise des événements qui permettent aux clients du réseau de se rencontrer. On garde là la logique d’entraide et de réseau business qui avait fait le succès du WIR des premières années.    

La valeur du WIR est indexée sur les cours du franc suisse (1 CHF = 1 WIR), ce qui permet de garantir la stabilité économique du système et de l’ancrer dans l’économie réelle. Convertibles en WIR les francs suisses permettent d’engager des entreprises dans le réseau sur lequel s’opèrent les transactions. Les fruits des échanges restent dans le réseau et l’alimentent puisque cette unité WIR n’est ensuite pas convertible en CHF.

Les spécificités du modèle suisse ?

Le système de compensation de factures permet d’acheter et de vendre à des entreprises différentes, sur des montants différents et à des moments différents. Les factures sont payées en partie en WIR (20 à 30%) dans la majorité des cas. La banque WIR prélève ensuite des commissions d’un montant de 1 et 3 % sur chaque transaction pour afin de couvrir ses frais de fonctionnement et le risque encouru. En revanche la banque WIR a, dès 1948, décidé de mettre de côté le principe de la monnaie fondante qui en plus du montant de commission faisait grimper le prix des frais annexes.

Le bâtiment est  le premier secteur d’activité qui utilise le plus le système WIR en Suisse. Après viennent les secteurs du commerce de gros et de détails et les prestations de services (location de véhicules, hôtellerie, prestations web…). Le WIR a été présenté comme système alternatif et porteur d’espoir dans le film documentaire ‘Demain’ réalisé en 2015 par Mélanie Laurent et Cyril Dion :

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Depuis 1998 sous forme bancaire le système WIR s’est vu reconnaître officiellement sa propre monnaie et a su développé ses activité financières à direction des PME mais également auprès des particuliers avec des produits comme de l’épargne ou de la prévoyance.

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Et en France ?

Alors que la banque WIR met en avant un nombre de clients dépassent les 60 000 PME dont le système permet à chacune d’entre elle de générer 5 à 7 % de leur chiffre d’affaire, qu’en ait-il en France ?

Malgré sa grande antériorité et son ampleur, le système WIR ne s’est pas étendu à une zone transfrontalière ni même exporté sous forme de franchises, d’une part parce qu’il repose sur la confiance et la solidarité communautaire des Suisses ; d’autre part parce qu’il est arrivé à un point d’équilibre satisfaisant pour ses adhérents et acceptable économiquement pour les autorités fédérales car il reste complémentaire à l’activité monétarisée des entreprises.

Le rapport ministériel publié par le DGCIS publié début 2013 met en avant – par extrapolation du modèle Suisse – que le marché français de part la diversité du tissu des TPE et PMEs et l’ancrage souvent territoriale de celles-ci peut être tout à fait propice au développement de tels systèmes d’échanges inter-entreprises.

France Barter entreprise créée sous forme coopérative depuis 2014, est une jeune start-up qui regroupe 500 PME françaises dans un système d’échanges entre entreprises sur un modèle proche du WIR.

+ d’infos sur l’innovation monétaire et les plateformes collaboratives : //www.plateformes-collaboratives.com

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